Page:Tamizey de Larroque - Lettres toulousaines.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’Archevesque un parfait ami qui portoit dans son cœur vostre image, bien mieux representée que celle qu’il faisoit gloire de monstrer entre les portraits des hommes illustres de sa bibliothèque[1]. Mais souffrez, Monsieur, s’il vous plait, que je pretende plus de part que vous en cette perte, et que ma petite fortune dont il prenoit soin, et qu’il se proposoit d’eslever un peu au-dessus de la nécessité, soit le juste sujet de cette prétention. Cependant ce ne m’est pas une petite consolation de voir qu’une personne de vostre condition et de vostre mérite, ayt la bonté de se souvenir d’un pauvre prebstre, et se mettre en peine d’alléger ma doleur et me faire reprendre la plume que les soins de ma subsistance m’ont fait tomber des mains il y a plus de deux ans. Ce n’est pas, Monsieur, que je ne voulusse bien suivre le conseil que vous me donnez, et que je ne souhaite de bon cœur en faire des commandemens absolus, quand ce ne seroit que pour vous tesmoigner le pouvoir absolu que vous vous estes acquis sur l’esprit de,

Monsieur,

+++Monsieur, Vostre très-humble et très-obéissant serviteur,

CASENEUVE.

A Tolose, ce 14 septembre 1651.


III[2]

}}


Monsieur,

Si je ne sçavois pas que les impatiences de la piété vous ont esloigné de nous, j’en pourrois imputer la cause au désir de pouvoir débiter les beaux complimens dont vous avés honoré voz amis. Ce n’est pas que je prenne pour de simples complimens les belles paroles de vostre lettre, je vous ay assés estudié pour douter que ce ne soint les véritables sentimens de vostre ame. Cependant je suis faché

  1. Charles de Montchal mourut le 22 août 1651. M. B. Hauréau a rappelé, dans la Nouvelle Biographie générale, qu’il « fut le patron d’une foule de lettrés, qui lui dédiérent leurs ouvrages, entre lequels il suffit de citer Etienne Molinier, François Combéfis, Innocent Cironius, Casanova (sic), Ravel, etc. » Déjà le Moréri avait dit : « Plusieurs savants, entr’autres Rigault, le P. Sirmond, Holstenius, Allatius, parlent de ce prélat avec éloge. Le P. Le Quien, savant dominicain, a donné quelques lettres de ce prélat dans le premier tome de l’édition des Œuvres de S. Jean Damascène, publiée en 2 vol. in-f°. Elles prouvent qu’il avait du goût pour les lettres et qu’il favorisait les savants. »
  2. Bibliothèque nationale, collection Baluze dite des Armoires, vol. 361.