à Catherine de Médicis, au sujet des ravages commis par les Huguenots dans son diocèse et surtout dans sa ville épiscopale :
Madame, estant arryvé en ce lieu pour incontinant m’en aller faire mon debvoir à Ayre, suyvant le commandement du Roy et vostre, j’ay esté adverty par mon vicayre et aultres qui ont charge de mes affaires audict lieu, que ceulx des esglises qu’ilz disent réformées continuent les invasions et destructions des temples qu’ilz ont ja presque toutz ruynez en mon dioceze, augmentent toujours de plus en plus leurs violences et furies, et ce nonobstant qu’ilz ayent des temples pour eulx en chascune ville, au mespris des derniers esdicts, ayant plus d’armes que jamays, sont venus en l’esglise principale d’Ayre de gayetté de cueur[1], et sanz estre en façon du monde provocquez, ont desmoly tous les aultelz, deschiré les chappes et aultres vestements, myz le feu aux sieges, rompu les orgues, et autres maulx qui seroient trop longz à dire, avecques menasses de faire promptement mourir ceulx qui ouvriroient la bouche pour en parler et blessarent ung organiste qui est à sçavoir s’il perdera la veue du coup, et non contants de cela, soubz ceste grande licence personne ne leur contredisant, tiennent les chanoynes en ceste peyne, qu’ilz n’attendent sinon que on leur vieigne coupper la gorge s’ilz entrent en leur esglize, leur ayant mandé que si ilz continuent à faire le service qu’ilz en feront aultant aux imaiges vives, comme ilz en ont faict aux mortes. Madame, il y a desja quatre ou cinq moyz qu’ilz continuent ces invazions, n’ayant aucun esgard à la reformation des abuz qu’ilz sçavent bien que je veulx faire et que j’ay desjà commencé, ny à voz commandementz si souvent jeyterez sanz qu’on puysse dire (quoyque leurs minystres les desadvouhent et que
- ↑ M. Littré (Dictionnaire de la langue française, au mot gaieté) cite, comme ayant employé l’expression gaieté de cœur, Amyot, d’Aubigné, Voiture, Molière, Mme de Sévigné, Voltaire, J.-J. Rousseau, d’Alembert. Le plus ancien de ces écrivains, Amyot, s’est servi presqu’en même temps que Christophe de Foix de cette pittoresque façon de parler. On sait que la traduction des Vies des Hommes illustres de Plutarque parut, pour la première fois en 1559. (Paris, Michel Vascosan, in-fo)
François de Foix. Aux descriptions de ce monument que j’ai eu l’occasion de citer (Essai sur la vie et les écrits de Florimond de Raymond, conseiller au parlement de Bordeaux, 1867, p. 17, note 2), je joindrai la mention d’intéressantes pages de M. G-J. Durand (Notice sur les ducs d’Éperon, leur château de Cadillac et leurs sépulture, Bordeaux, 1854, brochure in-8o) et de M. le comte Jules de Cosnac (Souvenirs du règne de Louis XIV, Paris, tome v, 1876, p. 92-96).