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APPENDICE.


Deux anecdotes sur Fr. de Foix recueillies par Jean de Gaufreteau.



Je reçois à l’instant même (27 avril 1877) le tome 1er de la Chronique bordeloise publiée pour la Société des bibliophiles de Guyenne par M. Jules Delpit, d’après le manuscrit original de la bibliothèque du château de La Brède (Bordeaux, imprimerie Gounouilhou, 1876, in-8o de xv-335, pages), et, au milieu d’une foule de curieuses particularités, j’y trouve (p. 228-229), sous l’année 1580, ces détails plus singuliers qu’exacts sans aucun doute, mais qui me paraissent par leur singularité même mériter d’être mis sous les yeux de mes chers lecteurs :

« En cette année, François, M. de Candale, eveque d’Aire, qui estoit parvenu en cette perfection de science, dans l’alchimie, qu’il pouvoit fixer e blanchir le mercure, e faire des billots de lune, ayant donné à un orphevre de Paris environ cent marcs, pour luy fabriquer de la vaisselle d’argent, e ayant convenu du dechet, pour marché, comme ledit orphevre, qui ne songeait pas au faict, e qui avoit trouvé ledit argent, au burin, à la tousche e au cyseau, de très-bon aloy, eut fabriqué la vaisselle, e après l’avoir poisée et veu que le dechet montoit à plus du tiers sur ledit nombre de deux cents marcs, ne sçachant d’où cela procedoit, se transporte à Bourdeaux, où l’eveque estoit, e luy dict franchement que, si ledit seigneur evesque vouloit, il le pourroit perdre, puisqu’il auroit trouvé plus que du tiers de dechet sur les trois cents marcs ; mais que, ne sachant d’où la faulte procedoit, il luy avoit porté sa vaisselle bien elabourée, ainsin que l’eveque pouvoit voir, le priant d’avoir pitié de luy, qui estoit dans l’innocence. L’eveque se mettant a rire e cognoissant que son art l’avoit trompé e qu’il n’avoit perdu que sa peyne e son argent, d’aultant que le feu avoit emporté tout ce qui estoit du mercure, e