Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 1, 1830.djvu/67

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nuit le sommeil s’emparait entièrement de moi. Mes pieds nus étaient tout blessés et très enflés ; le vieillard s’en apercevant en tira beaucoup d’épines et d’éclats de bois, puis il me donna une paire de mocassins (4) qui me soulagea un peu.

Le plus ordinairement, je marchais entre le vieillard et le jeune homme, et souvent ils me faisaient courir jusqu’à extinction de forces ; pendant plusieurs journées, je ne mangeai rien ou presque rien : vers le quatrième jour, après avoir quitté l’Ohio, nous rencontrâmes une grande rivière qui se jette, je crois, dans le Miami. Elle était large et si profonde que je ne pouvais la traverser ; le vieillard me prit sur ses épaules et me passa sur l’autre bord ; l’eau s’élevait jusqu’à ses aisselles ; je reconnus que je ne pourrais pas repasser seul cette rivière, et tout espoir d’une fuite prochaine m’abandonna. Je me mis aussitôt à gravir le bord et à courir dans les bois, où, à peu de distance, je fis lever une dinde sauvage : son nid était plein d’œufs ; je les pris dans mon mouchoir et retournai vers la