Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/100

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me provoquer à m’en servir. Enfin, fatigué de cette altercation, il alla s’asseoir vis à vis de moi dans ce vaste appartement. Quoiqu’il fût à une assez grande distance, telle était son agitation, que j’entendais distinctement les battemens de son cœur. Il resta quelque temps assis, et sortit enfin pour se promener devant sa porte : moi je ramassai mes fourrures, l’interprète m’aida à les lier ; et, les chargeant sur mon dos, j’allai passer tout contre M. Wells ; puis, les déposant dans mon canot, je traversai la rivière pour regagner la maison du vieux Français.

Le lendemain matin, M. Wells, mieux avisé, parut avoir renoncé à tout projet de violence ; il envoya son interprète m’offrir son cheval, si je voulais oublier ce qui s’était passé. Le cheval avait une grande valeur. « Dites-lui, répondis-je à l’interprète, qu’il n’est qu’un enfant, qui veut se quereller et oublier sa querelle dans un même jour ; mais il ne me trouvera pas semblable à lui. J’ai un cheval à moi, j’emporterai mes pelleteries ; je n’oublierai jamais