Page:Tanner - James, Memoires de John Tanner, vol 2, 1830.djvu/52

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peu modérée, Wa-me-gon-a-biew, le reconnaissant, s’écria : « Oh ! mon cousin ! », Be-gwa-is était un homme doux et bon ; il savait très bien quelle erreur avait causé l’action de Wa-me-gon-a-biew ; rien ne trahit la moindre aigreur, la moindre irritation contre l’auteur involontaire de sa mutilation. « Je suis vieux, dit-il, on ne se moquera pas long-temps de moi pour la perte de mon nez. »

Pour ma part, j’éprouvai contre Ta-bush-shish un ressentiment d’autant plus violent, qu’il ne me semblait pas bien clair qu’il n’eût pas saisi cette occasion de satisfaire une vieille rancune. J’entrai aussitôt dans la cabane de mon frère et je m’assis à côté de lui ; sa figure et ses vêtemens étaient tout couverts de sang. Il demeura quelque temps sans rien dire, et quand il parla, je vis qu’il avait repris tout l’usage de ses facultés. « Demain, me dit-il, je pleurerai avec mes enfans ; le jour suivant, j’irai trouver Ta-bush-shish ; nous mourrons ensemble, car je ne veux pas vivre pour être toujours