Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/31

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des livres des deux recensions provient-elle simplement de ce qu’un auteur de catalogue aura compris dans la seconde un Abrégé en deux livres, qui, en tout cas, a été écrit de très bonne heure.

De ce volumineux ouvrage, il ne subsiste qu’un morceau vraiment entier, relatif aux Sensations, et quelques citations, la plupart de seconde main, et surtout dans Simplicius, qui les a empruntées à Alexandre d’Aphrodisias. Il y a bien encore, sous le nom de Théophraste, dans le Pseudo-Philon Sur l’incorruptibilité du monde, un fragment considérable ; mais il provient plutôt du péripatéticien Critolaos, et expose, en tout cas, à côté d’opinions anciennes, des doctrines du Portique que Théophraste n’avait pas touchées ; car, loin de descendre jusqu’à ses contemporains, il s’était arrêté à Platon.

Ces rares débris suffisent cependant pour nous apprendre qu’il avait suivi un ordre de matières méthodique, en classant même sur chaque question les opinions, non d’après la suite des temps, mais d’après leur caractère ; à cet égard, le morceau sur les Sensations[1] donne un bon exemple de son procédé. Toutefois, au début de son ouvrage et à propos des principes, il avait successivement présenté au lecteur les divers physiciens dont il parlait, et donné alors quelques indications sur leur personnalité et leurs relations historiques.

D’autre part, suivant en cela l’exemple de son maître, à l’exposition des systèmes anciens, il avait joint leur critique d’après les doctrines de son école. Les renseignements qui proviennent de Théophraste sont donc, en principe, susceptibles des mêmes réserves que ceux que fournissent les écrits d’Aristote ; il y a d’autres motifs de circonspection dans le respect que professe le disciple pour le maître et dans la façon dont il cherche à développer les idées émises par le Stagirite, bien loin de les contrôler et de les rectifier, s’il y a lieu.

    deux recensions de l’ouvrage historique figurent, la plus volumineuse dans le premier (avec l’Abrégé en deux livres), l’autre dans le second catalogue. Le premier indique encore, comme titres analogues (V, 45 et 40) : Sur la nature, trois livres ; Contre les physiciens, un livre ; huit livres de Physique, (φυσικῶν). Ces derniers paraissent avoir correspondu à ceux de la Physique d’Aristote et avoir été abrégés en un seul livre (second catalogue). Quant aux dix livres περὶ φυσικῶν ἱστοριῶν et aux huit περὶ φυσικῶν αἰτιῶν, qu’indiquent les éditions ordinaires, il faut lire φυτικῶν, car il s’agit des livres Sur les plantes, qui subsistent en grande partie. Enfin un livre Sur la nature (V, 50) apparaît encore au milieu des quelques autres qui suivent le quatrième catalogue.

  1. Pages 499 à 527 des Doxographi græci de Diels.