Page:Tannery - Pour l’histoire de la science Hellène.djvu/314

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agissant par lui-même, sans mélange avec aucune chose; il subsiste seul isolé à part soi. Car s’il n’était pas à part soi, mais mêlé à quelque autre chose, il participerait de toutes choses, en tant que mêlé à celle-là, puisqu’en tout il y a une part de tout, ainsi que je l’ai déjà dit; et ce mélange l’empêcherait d’actionner chaque chose, comme il peut le faire, étant isolé à part soi. C’est, de toutes choses, ce qu’il y a de plus subtil et de plus pur; il possède toute connaissance de tout et sa force est au plus haut degré. Tous les êtres animés, grands et petits, sont actionnés par le noos; mais, dès le commencement, c’est lui qui a produit la révolution générale et en a donné le branle. Tout d’abord cette révolution n’a porté que sur peu de chose, puis elle s’est étendue davantage et elle s’étendra encore, toujours de plus en plus. Ce qui est mêlé, ce qui est distinct et séparé, le noos en a toujours eu connaissance complète ; il a tout ordonné comme il devait être, tout ce qui a été, est maintenant et sera plus tard, et aussi cette révolution même qui entraîne les astres, le soleil, la lune, l’air et l’éther, depuis qu’ils sont distincts. C’est cette révolution qui a amené leur distinction, et qui distingue aussi le dense du dilaté, le chaud du froid, le lumineux de l’obscur, le sec de l’humide. Il y a beaucoup de parts dans beaucoup de choses; mais il n’y a jamais distinction complète, séparation absolue entre une chose et une autre, sauf pour le noos. Tout le noos est semblable, le plus grand et le plus petit; il n’y a aucune chose qui soit semblable à aucune autre, mais chacune est pour l’apparence ce dont elle contient le plus.

7. Quand le noos a eu commencé à mouvoir, dans tout ce qui a été mû il y a eu distinction ; jusqu’où s’étendait le mouvement dû au noos, jusque-là s’est étendue la séparation; mais la révolution des choses ainsi mues et séparées les a fait se séparer encore davantage.

8. Le dense, l’humide, le froid, l’obscur se sont concentrés là où est maintenant la terre; le dilaté, le chaud, le sec et le lumineux se sont retirés vers le haut de l’éther.

9. De ce qui s’est ainsi séparé, la terre reçoit sa consistance solide ; car par le froid, l’eau se dégage des nuées, la terre de l’eau, les pierres se concrétionnent de la terre, en s’écartant davantage de l’eau.

10. Des hommes se sont formés, ainsi que tous les autres êtres vivants qui ont une âme; ces hommes ont des villes qu’ils habitent et des champs qu’ils cultivent comme nous; ils ont le soleil, la