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314 pour l’histoire de la science hellène.

le nom de forces centripète et centrifuge. A cet égard, d’ailleurs, ainsi que je l’ai indiqué déjà, il ne faisait que suivre la tradition des physiologues milésiens, chez lesquels l’existence du tourbillon diurne et les actions qui en résultent jouaient le rôle capital pour la cosmogonie. Mais, tandis que pour eux ce tourbillon est éternel et primordial, il n’est plus, chez Empédocle, qu’un phénomène variable et transitoire. Si l’on remonte à l’idée centrale de son système, l’Agrigentin apparaît surtout comme un disciple de l’école de Pythagore, développant librement les principes du Maître.

La Philotès est avant tout le principe d’unité, de stabilité, et, par suite, d’immobilité; c’est pourquoi une fois le tourbillon uni- versel constitué, elle se place naturellement au centre, c’est-à-dire dans la partie qui échappe davantage à ce tourbillon. Le Ncikos, au contraire, est le principe de division et de mouvement; par suite de sa mobilité même, il s’insinue naturellement à l’intérieur du Sphéros immobile, l’ébranlé et finit par produire un mouvement de révolution. Mais, dès que cette révolution est commencée, le Neîkos va se trouver rejeté à la circonférence, là où le mouvement est le plus rapide, et finalement il est exclu du monde. Enfin, dans l’accélération de la révolution régulière aux dépens des mou- vements locaux et désordonnés, Empédocle semble avoir entrevu de très loin le principe de la conservation de l’énergie.

Si l’on compare son système à ce que nous pouvons soupçonner de celui des premiers pythagoriens, Empédocle a substitué des explications mécaniques aux grossières représentations anthropo- morphiques de l’inspiration et de l’expiration du vide par l’unité pleine. D’après le tour qu’il a donné à ces explications, une autre différence capitale intervient: pour les premiers pythagoriens, le vide existe dans le cosmos, où il est tantôt plus grand. tantôt moindre; pour Empédocle, il ne subsiste dans le cosmos que les effets mômes du Neîkos, à savoir la distinction des éléments et le mouvement communiqué à leur ensemble. Les pores entre les particules matérielles sont au contraire remplis par la Philotès.

Si, de la caractéristique générale du système d’Empédocle, nous passons à l’examen des doctrines physiques spéciales, l’Agrigentia n’apparaît plus dans la même dépendance vis-à-vis d’une école particulière; c’est sans doute qu’en fait, ainsi que je l’ai déjà indiqué (voir pages _-", ^>r>i, les premiers pythagoriens n’avaient nullement constitué une physique qui leur lût propre. Les maîtres