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CHAPITRE XIII. — EMPÉDOCLE Ij'aORIGENTE (f). 337

alors au contraire, par un effet inverse du précédent, | l'air entre et l'eau s'écoule. | De même le sang fluide se meut dans les vais- seaux du corps; |365| quand il recule en arrière vers l'intérieur, | aussitôt pénètre avec force le courant d'air; | si le sang" remonte,

alors l'air ressort d'autant. |

Cherchant avec leur nez les gîtes des bêtes. | Ainsi tous

participent de la respiration et de l'odorat |370| un os charnu

(dans l'oreille) | Les deux yeux donnent une seule vue |

(L'intelligence) se nourrit dans les flots agités du sang; | et c'est de là que vient la mobile pensée des hommes, | car le sang qui

environne le cœur, voilà ce qui pense. | 375| D'après ce qui

se présente grandit l'intelligence humaine. | Autant les hom- mes deviennent autres, autant | leur esprit leur présente d'autres

pensées. | C'est par la terre que nous voyons la terre, c'est

par l'eau que nous voyons l'eau, | par l'éther le divin éther, par le feu le feu destructeur, |380| par l'amour l'amour, et par la haine, la triste haine. | Car c'est là de quoi toutes choses sont harmonieusement constituées, | c'est par quoi l'on pense, l'on jouit ou l'on souffre. |

Livre troisième. — Si au sujet des êtres éphémères, ô Muse immortelle, | tu daignas naguère inspirer ma pensée, |385j exauce encore mes vœux et viens me soutenir, ô Calliope, | pour que sur les dieux bienheureux je profère de bonnes paroles. | ... Heureux celui qui possède l'intelligence du divin, | malheureux celui qui

sur les dieux n'a qu'une obscure croyance! | Nous ne pouvons

nous approcher d'eux, les contempler de nos yeux, 1 390 1 les toucher de nos mains, ce qui est la meilleure | route pour que la persuasion entre au cœur de l'homme. | (Apollon) n'a pas un corps surmonté d'une tête humaine, | deux bras ne sortent pas de ses épaules, | il n'a ni pieds, ni genoux légers, ni membre viril, |395| ce n'est qu'une intelligence sainte et prodigieuse | dont la rapide pensée parcourt le monde entier. |

Purifications. — Amis, qui dans la grande ville du blond Acragas, | habitez l'acropole, appliqués à l'œuvre du bien, | refuges hospitaliers de l'étranger, ignorants de la méchanceté, |400| salut! Je suis pour vous comme un dieu immortel, non plus un homme; | je marche honoré de tous, comme il est juste, | ceint de bande- lettes et de verdoyantes couronnes, | et je vais ainsi dans les villes

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