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APPENDICE I

THÉOPHRASTE, SUR LES SENSATIONS

(Traduit sur le texte des Doxographi græci, p. 499-527.)


1. Il y a sur la sensation de nombreuses opinions qui peuvent se réduire à deux générales : les uns la font produire par le semblable, les autres par le contraire. Parménide, Empédocle, Platon sont au nombre des premiers ; Anaxagore, Clidème soutiennent la seconde thèse.

Les raisons invoquées sont, d’une part, que d’ordinaire les choses se contemplent d’après leur similitude ; qu’il est en particulier inné à tous les êtres vivants de reconnaître ceux de leur espèce ; qu’enfin les corps sentis le sont grâce à leurs effluves et que le semblable se porte vers le semblable.

2. Dans l’autre camp, on admet que la sensation est accompagnée d’un changement ; on remarque que le semblable n’agit pas sur le semblable, mais bien sur le contraire ; ces motifs conduisent à une thèse que l’on croit pouvoir appuyer par ce qui se passe pour le toucher ; car ce qui est aussi chaud ou aussi froid que notre chair ne produit pas de sensation.

Voilà quelles sont les opinions qui ont été émises sur la sensation en général ; quant aux sensations particulières, elles n’ont guère été considérées à cet égard. Empédocle seul essaie de les ramener en détail à la similitude.

3. Parménide n’a, à vrai dire, rien déterminé, si ce n’est que, distinguant deux éléments, il fait varier la connaissance d’après celui qui l’emporte. Ainsi, suivant que le chaud ou le froid dominera, l’intelligence sera autre, le chaud la rendra meilleure et plus pure ; cependant il faut toujours une certaine proportion.

(Vers 146-149) « Comme se trouvent, pour chacun, tempérés les