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distinctes que nous possédons encore et où la communauté de leur origine se reconnaît immédiatement.

La plus ancienne de ces compilations figure au nombre des œuvres de Plutarque, sans qu’il soit, d’ailleurs, permis de la lui attribuer ; elle est connue sous le titre latin qui nous a servi à désigner le recueil originaire ; c’est en grec : περὶ τῶν ἀρεσϰόντων φιλοσόφοις φυσιϰῶν δογμάτων ἐπιτομῆς βιϐλία πέντε.

La seconde compilation constitue le premier livre des Éclogues de Stobée, écrit au ve siècle. Quant aux Placita du Ps.-Plutarque, la date ne peut guère être descendue après la mort du polygraphe de Chéronée, car cet ouvrage a été utilisé par Athénagore dès 177 de notre ère, comme il a été copié plus tard par Eusèbe (Præp. evang.), Théodoret (Græc. affect. curat.), Cyrille (Contr. Julian.), le Ps.-Galien de l’Histor. philosoph., Laurentius Lydus (De mensibus).

On retrouve encore des extraits, mais cette fois plus libres, du Ps.-Plutarque dans Justin[1](Cohort. ad Gentil.) et dans Achille[2] (De universo). Au reste, la triple mention de cet ouvrage dans le Catalogue, dit de Lamprias, des œuvres de Plutarque, atteste assez à quel point il fut répandu.

La comparaison des divers extraits des Placita avec le texte des manuscrits actuels est des plus intéressantes. Tant de sources, d’apparence si diverses, se réduisent à une seule ; mais si, grâce à leur multiplicité et à leur ancienneté, elles permettent souvent d’importantes corrections, il faut, bien souvent aussi, reconnaître que les altérations du texte remontent à une époque encore plus reculée et que l’imperfection des premiers manuscrits eux-mêmes a été l’origine d’une foule d’erreurs qui se sont diversement propagées.

Pendant le moyen âge, les Placita du Ps.-Plutarque ont continué à jouir de la vogue qu’ils avaient acquise dès l’antiquité. Les Arabes

  1. L’authenticité de cet ouvrage est au moins douteuse ; il n’en paraît pas moins antérieur au ive siècle.
  2. Ordinairement confondu, sur l’autorité de Suidas, avec Achille Tatius, l’auteur du roman de Leucippe et Clitophon. Le rédacteur de l’ouvrage dont Petau a publié dans son Uranologion les débris qui nous restent, était un grammairien qui semble avoir vécu vers le commencement du iiie siècle. Sa principale source a été un écrit d’un philosophe contemporain d’Auguste, Eudore, qui, lui-même, puisait dans les ouvrages du mathématicien Diodore d’Alexandrie. disciple de Posidonius. De la sorte, ce qui nous reste d’Achille, constitue, sous forme d’une introduction aux Phénomènes d’Aratus, un des spécimens les plus importants que nous ayons de la science stoïcienne.