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Laissons pour le moment de côté Thalès, qui réclame une discussion spéciale ; nous arrivons à Solon. D’après Sosicrate et sans doute aussi Apollodore, son acmé correspond à son archontat, Ol. 46,3 = 594 (Diog. L., I, 62). Il aurait d’ailleurs vécu 80 ans, ce qui place sa mort vers 554. Comme Sosicrate fixait la prise de Sardes en 546, ainsi que nous l’avons vu, il devait mettre l’avènement de Crésus, quatorze ans plus tôt, en 560. Il lui restait donc assez de temps pour placer le récit d’Hérodote sur la visite de Solon à Sardes ; seulement, contrairement à ce récit, cette visite n’aurait eu lieu qu’après l’usurpation de Pisistrate, qui date de 561[1].

Mais, comme Diels l’a remarqué, Apollodore devait réduire la vie de Solon, en le faisant, avec Phanias d’Éphèse (Plutarque), mourir l’année qui suivit l’usurpation, vers 74 ans ; dans ce cas, le récit d’Hérodote devient impossible, si l’on maintient la date de Sosicrate pour l’avènement de Crésus. Plutarque connaissait déjà cette difficulté, mais elle tient simplement au fait que nous avons indiqué plus haut et que nous démontrerons tout à l’heure, à savoir que Sosicrate avait déplacé de douze ans les dates d’Apollodore relatives à Crésus.

Quant aux autres sages des listes ordinaires, Diogène Laërce n’indique pas de dates ; mais il n’y a, en tout cas, aucune difficulté à supposer qu’ils aient pu être reconnus comme tels lors de l’archontat de Damasias.

Nous trouvons, pour les sages des autres listes, directement rattachées à l’époque de Solon, les dates du passage à Athènes d’ÉPIMÉNIDE, Ol. 46, et d’ANACHARSIS, Ol. 47. Mais ici, pour le premier du moins, eu égard aux traditions qui le concernent, il n’y a pas à parler d’acmé.

On sait que, d’après Platon (Lois, 652 d), ce serait dix ans seulement avant Marathon, c’est-à-dire vers 500 (Ol. 70), qu’Épiménide aurait purifié Athènes. De même, Porphyre et Iamblique[2] donnent expressément Épiménide le purificateur comme disciple de Pythagore. Je ne crois donc pas qu’il faille accuser Platon, comme on l’a fait, d’un grossier anachronisme ; le plus simple est

  1. Peut-être de 560 seulement; les marbres de Paros laissent cette incertitude.
  2. D’après Iamblique (De vita pythagorica), Épiménide aurait regardé Pythagore comme fils d’Apollon ; s’agirait-il ici du généalogiste que distingue Diogène Laërce ? Mais la confusion entre les personnages homonymes a pu, dès l’antiquité, porter sur différents points.