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Ol. 52,3 = 570, tandis que la vie n’aurait duré que 70 ans, au lieu de 82, comme le supposent les dates qui précèdent.

Nous voici en présence d’une nouvelle difficulté, plus grave que la première, et, malheureusement, Diogène Laërce n’invoque ici aucune autorité. L’incertitude ne peut guère être dissipée ; on est tenté de croire, à première vue, que la date Ol. 52,3 pour la mort (et par suite la durée de 82 ans pour la vie) appartient à Apollodore, qui aura voulu tenir compte de la tradition mettant Pittacus en rapport avec Crésus roi (Hérodote, prétendue lettre de Pittacus dans Diogène Laërce) ; nous verrons en effet qu’Apollodore faisait remonter à Ol. 52,1 = 572 le commencement du règne de Crésus et à Ol. 55,3 = 558, c’est-à-dire douze ans plus tôt que Sosicrate, la prise de Sardes. Mais précisément l’identité de cette différence de douze ans avec celle qui existe entre les deux durées indiquées pour la vie, me ferait plutôt penser qu’Apollodore avait parlé de 70 ans, d’après une tradition, et fixé par suite la mort de Pittacus à Ol. 49,3 = 582. Sosicrate, sachant très bien que les dates qu’il avait adoptées pour le règne de ce dernier, différaient de 12 ans avec celles d’Apollodore, aura déplacé d’autant la date de la mort de Pittacus, sans s’apercevoir que cette correction était insuffisante, si du moins il voulait tenir compte des relations supposées avec Crésus, ce qu’Apollodore avait négligé de faire.

Après Pittacus, je placerais CHILON, car, si l’on met son éphorat, d’après Diogène Laërce (I, 68), Ol. 55 ou 56 (Pamphila) ([1]), cette date de l’éphorat, qui correspond très probablement à l’acmé, est en tous cas incompatible avec la donnée précise (I, 72) d’après laquelle Chilon était déjà vieux (avait plus de soixante ans) lors de l’acmé d’Ésope, Ol. 52. Je ne doute pas qu’il ne faille lire pour l’éphorat Ol. 45 ou 46 ; c’est aussi, du reste, la seule manière de rendre Chilon assez âgé lors de L’archontat de Damasias et de le mettre en rapport, conformément au récit d’Hérodote, avec le père de Pisistrate.

Je remarque incidemment que le rapprochement avec Ésope est dans la manière d’Apollodore et que l’acmé du fabuliste correspond au début du règne de Crésus d’après notre chrqnographe. On connaît en effet la légende (Plutarque, Vie de Solon) qui faisiat appeler Ésope à la cour de Sardes.

  1. La première date doit être celle de Sosicrate, qui indiquait l’éphorat comme correspondant à l’archontat d’Euthydème ; la seconde peut être celle d’Apollodore.