Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/112

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à l’appui de la précédente. La manière dont certaines notions fondamentales de la physique, les idées de grandeur, de durée, de vitesse, de force, de poids, et d’autres notions supérieures, se dégagent à la longue de nombreuses antithèses conçues par l’enfant, mérite d’être remarquée. L’enfant perçoit le contraste du petit et du grand, et par là il entend ce qui lui inspire mépris ou admiration, ce qui lui paraît au-dessous ou au-dessus de lui. Il perçoit aussi les oppositions, non moins réelles, du fugace et du durable, du lent et du rapide, du faible et du fort, du léger et du pesant, du fragile et du solide, toutes réductibles, comme la précédente, à celle du plus et du moins. Mais, peu à peu, dans chacun de ces couples, l’un des termes est absorbé par l’autre, qui devient générique, l’une des branches de la fourche est pour ainsi dire brisée par l’autre. Et il se trouve que c’est toujours celle qui exprime une diminution. De l’antithèse du petit et du grand sort l’idée de grandeur, de quantité. Pourquoi celle-ci ne se serait-elle pas formée aussi bien par la généralisation de l’idée de petitesse ? De l’antithèse du fugitif et du durable, sort l’idée, non pas de fugitivité, qui exprimerait cependant bien mieux l’essence du temps, mais l’idée de durée. Pourquoi cela ? Pourquoi aussi, de l’opposition entre le lent et le rapide, l’idée de vitesse, et non de lenteur plutôt, est - elle sortie comme notion fondamentale de la Mécanique ? Pourquoi l’idée de force et non l’idée de faiblesse, est-elle le fondement de la Dynamique ? Pourquoi l’idée de poids, de masse, et non de légèreté, l’idée de solidité et non de fragilité, ont-elles triomphe de même en physique ? — Et, si nous nous élevons plus haut, pourquoi l’Économie politique