Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/133

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précises et complètes, c’est-à-dire des répétitions et des similitudes renversées. La vie nous émerveille par l’exactitude, la fidélité presque inaltérable de ses souvenirs, aussi compliqués que précis, réalisés en inépuisables éditions des mêmes types, des mêmes séries de transformations embryonnaires ; mais, en fait d’oppositions, la vie, nous le voyons, ne nous offre rien que d’assez simple et élémentaire, en somme, ou d’assez vague, — sauf les formes symétriques des êtres vivants, dont nous allons parler bientôt. La répétition, remarquons-le, est un procédé de style bien autrement énergique et moins fatigant que l’antithèse, et aussi bien plus propre à renouveler un sujet. S’attacher à une locution, à une idée, les redire plusieurs fois de suite au cours d’une page, c’est un art où excellent de grands écrivains et qui lasse moins vite que les monotones balancements des périodes académiques ou les violents contrastes familiers à Victor Hugo. La nature, en cela, semble pareille aux grands maîtres littéraires ; elle martèle aussi très fort ses idées, c’est-à-dire ses types vivants ou autres, en les répétant indéfiniment pour les montrer sous tous leurs miroitements, et elle a moins de goût pour la symétrie, bien qu’elle en fasse aussi grandement usage.