Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/216

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Un mot encore au sujet des couleurs complémentaires. On a dit que, lorsque l’hallucination d’une couleur était suggérée à un sujet hypnotisé et qu’elle se prolongeait au-delà d’un certain temps, elle se transformait en l’hallucination de la couleur précisément complémentaire. M. Pierre Janet affirme n’avoir observé cela qu’à l’état d’exception : « Léonie, dit-il dans son livre si intéressant sur l’Automatisme psychologique, après l’hallucination du rouge déclare voir du blanc, après le vert du rouge, après le bleu du blanc, après le rouge du vert, après le violet du blanc, après l’orange du vert, après le vert du bleu. Il n’y a pas la de loi bien régulière. » Pour le goût, même remarque. « Ainsi le goût du sucre (suggéré) a été suivi par le goût du poivre, le goût du vinaigre par le goût du sel, le goût de la chicorée est suivi par le goût du café, et enfin le goût du café amène à sa suite le goût du cognac. » Il y a là force associations d’images formées, non par contraste, mais par habitude.

Je ne parle que pour mémoire des phénomènes de transfert et de polarisation psychique dont on a fait grand bruit il y a quelques années. On est à peu près d’accord pour attribuer ces faits, d’ailleurs indiscutables, à l’action de la suggestion plutôt qu’à celle de l’aimant. Quoi qu’il en soit, « si, dit M. Pierre Janet, on provoque un phénomène à droite sur un sujet, — une pose ou un mouvement du bras, une hallucination du côté droit - on peut le faire passer de l’autre côté dans une position exactement symétrique en approchant un fort aimant du bras gauche ou du côté gauche de la tête. » Ces symétries-là ne sont pas de celles que nous étudions en ce moment, elles se référent à la symétrie morphologique du corps humain