Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/302

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extérieures. La valeur relative des biens même les moins comparables et les plus incommensurables est conçue comme pouvant toujours être comparée et mesurée, de même que le volume relatif des corps les plus hétérogènes.

Toutefois, c’est là une similitude bien superficielle, et bien dépourvue de précision. Malheureusement pour l’idée de valeur, elle ne se forme en nous qu’assez tard et ne peut participer à ce privilège d’autorité absolue, de clarté intense, d’immutabilité rigide, qui est propre aux notions formées en bas âge. Comme, dès notre première enfance, nous faisons des comparaisons entre les corps offerts à notre vue, la notion d’espace est déjà mûre en nous et fixée depuis longtemps, quand l’analyse scientifique s’avise de la cueillir et de l’ouvrir. Impossible désormais d’y rien changer au fond ; et, si quelque géomètre paradoxal imagine un espace extravagant où les parallèles se rejoindraient, sa tentative reste sans grand succès dans le public. La tâche des économistes est moins simple. Quand ils s’emparent de l’idée de valeur, ils la trouvent encore embryonnaire et confuse en nous ; ils doivent commencer par la préciser, l’achever, la définir, et leurs définitions sont loin de s’accorder. Aussi ne faut-il demander à la valeur ni la netteté extrême, ni l’identité singulière, ni la riche complexité de l’espace, et il serait puéril de pousser plus loin ce rapprochement.

À première vue, l’opposition du subjectiver et de l’objectiver est irréductible à celle de l’affirmer et du nier, mais, à la réflexion, on voit que celle-ci est impliquée dans celle-là. Je n’ai conscience de m’attribuer subjectivement, en étudiant la physique, les sensations de couleur, de son, de chaud ou