Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/313

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le,
le possible,
l’improbable,

l’impossible.

La question, si discutée dans l’école néo-criticiste, de savoir si la contingence à sa place dans le monde phénoménal entre la nécessité et l’impossibilité a donc un fondement sérieux. On peut le nier a priori ; et, c’est pourtant sur la raison beaucoup plus que sur l’expérience qu’on s’appuie quand on le conteste. Subjectivement, il n’est point douteux que nos affirmations et nos négations absolues, infiniment certaines à nos yeux, sont les deux extrémités de deux échelles de croyances se touchant à leur pied par l’état de doute, non moins réel qu’elles-mêmes. Objectivement il peut n’en être pas ainsi, et l’expérience semble l’attester ; mais nous ne savons rien, après tout, des forces extérieures qui poussent les phénomènes au seuil de l’existence ou les en excluent, si ce n’est que nous les avons créées à notre image, par projection de nos énergies propres, toujours susceptibles de degré. Ce qui rend le déterminisme scientifique si cher à l’homme de science, c’est qu’il est lui-même un idéal, comme toutes les notions ci-dessus obtenues de la même manière, un idéal de certitude infinie, positive ou négative, où la science, partie de l’indéterminisme d’une pensée constamment incertaine, aspire toujours péniblement, d’hypothèse en hypothèse, de théorie en théorie, à travers tous les degrés du probable ou de l’improbable. Il est seulement fâcheux, pour l’idée de contingence, que son sort ait paru lié à celle du libre arbitre et qu’elle n’ait été soutenue que pour renforcer celle-ci. L’idée de lois naturelles, très inégalement impérieuses et obéies, peut