Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/329

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philosophie ; en le prenant pour point de départ, on peut aisément passer au sensualisme et à l’idéalisme, tandis qu’aucun autre point de vue logique ne peut, par simple agrandissement de la sphère d’expériences ou par une élaboration intellectuelle, être ramené au matérialisme ».


III

— L’évolution économique est-elle réversible ? On l’a dit, sur la foi d’analogies superficielles et sous l’empire de cette obsédante idée de symétrie qui hallucine l’esprit humain. Que certains théoriciens du collectivisme s’y soient trompés et que, pour concilier avec leur dogme du progrès indéfini leur programme d’expropriation universelle, de retour à la propriété collective des temps primitifs, ils aient formule la nécessité de pareilles régressions en vue du Progrès même, on ne saurait en être surpris. Mais une illusion analogue se fait jour parmi les esprits les plus pénétrants, et, par exemple, les nouveaux économistes ont cru apercevoir que les perfectionnements de l’échange nous ramènent au troc des premiers âges. Le régime de la monnaie métallique et même fiduciaire, à ce point de vue, pourrait être considéré comme un moyen terme interpose entre le troc initial, usité chez les sauvages, et le troc final, déjà pratiqué sous forme internationale, en attendant qu’il soit seul connu ( ?) de nos petits-neveux. M. Gide, dans ses Principes d’économie politique, signale bien d’autres cas de réversion. « L’évolution sociale constitue d’abord une classe de marchands ayant pour fonction de