Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/440

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Les deux ailes d’un oiseau, les deux jambes d’un homme, les deux bras d’une femme qui embrasse son enfant, collaborent au vol, à la marche, à l’étreinte affectueuse. Les deux yeux, jusqu’à un certain point, collaborent à la vue. Toutes ces oppositions sont bel et bien des adaptations, toutes ces symétries des harmonies, et quelle que soit la raison finale de ces symétries des forces vivantes, qu’elles se justifient suffisamment par un besoin de suppléance et de complément réciproques ou qu’elles répondent à une avidité, à une ambition infinie, il n’en reste pas moins certain qu’elles sont adaptées à une fin et, comme telles, harmonieuses. Mais l’inverse n’est pas vrai : toutes les harmonies ne se résolvent pas en symétries ni en oppositions quelconques. Les glandes salivaires, l’estomac, le foie, l’intestin grêle, collaborent à la digestion ; en quoi sont-ils symétriques et opposés ? Les diverses parties d’un drame de Shakespeare ou d’un tableau de maître concourent à un même effet ; elles ne sont point

    atomicités, etc. Il suit de là que, en se substituant à l’un des deux atomes accouplés qui constituent ce qu’on appelle vulgairement l’atome d’oxygène, deux atomes d’hydrogène ne font que remplacer l’atome d’hydrogène éliminé. Or ce dernier jouait un rôle précisément inverse de celui de son partner ; par suite, il y a lieu de penser que les deux atomes d’hydrogène s’opposent à l’atome d’oxygène subsistant. Et de même trois atomes d’hydrogène à un atome d’azote, ou quatre atomes d’hydrogène à un atome de carbone. Mais, d’autre part, on peut dire que cette opposition est une adaptation. « D’après cette nouvelle hypothèse, dit M. Berthelot, le corps simple serait construit à l’avance suivant le type du composé qu’il doit engendrer. »

    En biologie, le rapport du darwinisme au lamarkisme est un peu celai de l’opposition à l’adaptation, Lamarck expliquant par les efforts adaptateurs des êtres les progrès que Darwin explique surtout par leurs conflits destructeurs. Mais le transformisme, en se développant, a dû combiner et tâcher de concilier ces deux doctrines, qui, d’ailleurs, même réunies, ont révélé leur insuffisance.