Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/70

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parmi lesquels il en est qui s’opposent comme nous le savons. La sensibilité, l’intelligence, l’activité sont les qualités communes à toutes les manières de sentir, de penser et d’agir, parmi lesquelles il en est qui s’opposent les unes aux autres, soit dans le même esprit, soit entre esprits différents, à savoir, dans une certaine mesure, certaines sensations agréables, saveur sucrée, odeur de rose, blanc, accords parfaits, qui s’opposent à certaines sensations désagréables, saveur amère, puanteur, noir, cacophonie, ou bien certaines notions qui se contredisent, l’une impliquant l’affirmation de ce dont l’autre implique la négation précisément avec la même énergie de foi, ou bien certaines actions qui s’entravent et se paralysent parce que l’une implique qu’on poursuit et l’autre qu’on repousse la même chose avec la même force de désir.

Au fond, si l’on réfléchit à tous ces exemples, on verra sans peine que l’opposition du positif et du négatif se rapporte à celle du faire et du défaire[1], exclusivement propre aux forces, et par conséquent bien moins générale que celle de l’acquérir et du perdre qui s’applique à toutes les propriétés actives ou passives des êtres, à toutes les quantités ; bien moins générale surtout que celle de l’apparaître et du disparaître, commune à toutes les qualités. Peut-être m’objectera-t-on que l’opposition du faire et du défaire embrasse à la fois non seulement celle du positif et du négatif, mais encore les oppositions quantitatives et sérielles. Pour qu’une quantité, en effet, après s’être augmentée, diminue, ne faut-il pas qu’il se

  1. Nous avons déjà dit plus haut que les oppositions de ce genre d’apparence statique, telles que celles du concave et du convexe, ou du plaisir et de la douleur, se réduisent à des oppositions dynamiques.