Page:Tarde - L’Opposition universelle, Alcan, 1897.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout groupe de particules matérielles disséminées dans l’espace vide et soustraites, par hypothèse, à l’action perturbatrice d’autres groupes environnants, tendrait à se coordonner, au bout d’un temps, en un équilibre mobile de forces tel que le système solaire. Tout groupe d’idées fortuitement rassemblées dans un cerveau solitaire, à l’abri de tout contact avec des idées étrangères, tendrait à s’agréger en un système philosophique, juge satisfaisant, stable en apparence pour toujours. Les lois de la logique ordinaire ne suffisent point à rendre compte de cette tendance au groupement systématique des idées, de même que les lois de la mécanique, sur l’inertie de la matière et la composition des forces, ne suffisent pas à expliquer le système solaire. Il y faut ajouter la prétention de chaque particule et aussi bien de chaque idée à se faire centre, à attirer les autres pour les absorber. Les idées groupées pourraient se mettre d’accord logiquement les unes avec les autres, moyennant l’élimination ou la rectification d’un grand nombre d’entre elles, sans toutefois se concentrer hiérarchiquement autour d’une idée dominante. Une déduction logique, un raisonnement, est une ligne droite ; un système est un cercle ou une sphère.


On n’explique pas la constitution systématique de l’univers sans l’hypothèse de forces centrales et d’ambitieuses avidités qui collaborent ensemble, inconsciemment, à la production des belles harmonies et des infinies modulations de la vie universelle.

— Nous venons d’essayer une interprétation des oppositions entre actions simultanées que le monde physique nous offre ; mais bien plus importantes encore et moins malaisées à interpréter, sont ses oppositions entre actions successives, c’est-