Page:Tardivel - L'anglicisme voilà l'ennemi - causerie faite au Cercle catholique de Québec, le 17 décembre 1879, 1880.djvu/26

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Rédige-t-il une adresse à quelque personnage marquant, il ne se gênera pas de parler des « associations agréables que le public a eues avec ce dignitaire » vous laissant à deviner qu’il s’agit de « rapports. »

Oui, messieurs, il fera et dira tout cela et beaucoup d’autres choses encore, et si vous émettez un doute sur la pureté de son langage il s’étonnera de votre audace.

Mais les avocats, au moins, me demanderez-vous peut-être, ne sont-ils pas exempts de ces chenilles littéraires ? Je vais vous faire une petite confidence. Un seul avocat, doué de talents ordinaires, peut, lorsqu’il est bien disposé, placer dans une heure plus d’anglicismes que tous les députés et les journalistes réunis n’en pourraient inventer dans une journée. Sa profession l’obligeant de parler de tous les sujets imaginables, l’homme de loi n’évite aucune des locutions vicieuses qui se rattachent à ces sujets. De plus il a un fonds d’anglicismes qui lui est propre et dont voici un inventaire partiel.

« Une déclaration assermentée » pour une « déclaration faite sous serment. » On assermente les personnes mais non pas les choses. « Disqualifier » ou « déqualifier. » M. X. se moque de M. Z. parce qu’il emploie disqualifier au lieu de déqualifier ; M, Z. se moque de M. X parce qu’il dit déqualifier et non disqualifier. La vérité vraie c’est qu’ils ont tous deux tort et raison, car de ces deux mots l’un est un barbarisme, l’autre un anglicisme. Disqualifier n’est pas