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L’ANGLICISME, VOILÀ L’ENNEMI.


UN CRI D’ALARME.



Monsieur le Président, Messieurs.


Quelqu’un, Jean-Jacques Rousseau je crois, a dit que les pires ennemis de la langue sont les puristes. Est-ce là une grande vérité ou un simple paradoxe ? Je ne saurais le dire ; mais comme je ne veux nullement passer pour l’ennemi de ce que les Canadiens ont de plus précieux après leur foi, je me garderai bien d’assumer le titre de puriste auquel, du reste, je n’ai aucun droit.

Il y a onze ans, je commençais à apprendre les rudiments de la langue française au collége de Saint-Hyacinthe. Au bout de deux années d’études forcées, je conversais avec assez de facilité ; j’avais lu Télémaque, et je pouvais même risquer une version sans trop craindre les mauvaises notes. En 1872, je sortais du collége, et tout le monde me disait que je possédais bien le français. Je le croyais fermement, et je l’ai toujours cru jusqu’à l’année dernière. Après avoir parlé, lu et écrit en français pendant dix ans, j’ai fini par me convaincre que je ne connaissais pas la langue française, que je ne l’avais jamais connue et que je ne la connaîtrais