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AU CANADA


duelle et silencieuse, la proscription du français en ce pays.

Ne nous berçons pas d’illusions : on n’a pas renoncé au projet de faire du Canada un pays exclusivement de langue anglaise. Un journal plus audacieux que les autres disait naguère qu’il faudrait abolir l’usage officiel du français, non seulement à Ottawa, mais même à Québec.

Tous nos adversaires n’expriment pas aussi ouvertement leur pensée ; mais soyons persuadés que, parmi les Anglais qui nous entourent, beaucoup désirent ardemment voir disparaître la langue française du sol canadien[1]. C’est qu’elle forme obstacle à la réalisation de leurs rêves. Impossible pour eux, ils le sentent.

  1. J’ai trouvé, peu de temps après avoir lu cette conférence, une preuve saisissante du bien fondé de cette accusation. Le Daily Gleaner, de Fredericton, Nouveau-Brunswick, numéro du 17 avril 1901, au cours d’un article écrit pour justifier l’expulsion des Acadiens, a fait l’étonnante déclaration que voici :

    “ Il y a un autre aspect de cette question qu’il ne faut pas perdre de vue. Si les Acadiens étaient restés en grand nombre, ils auraient pu l’emporter sur les Anglais et faire de la Nouvelle-Écosse une province française comme Québec ; ce