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AU CANADA

peut être qu’en favorisant tout ce qui peut entretenir une diversité d’opinions, de langues et d’intérêts entre le Canada et la Nouvelle-Angleterre. »[1]

C’était là de l’habileté et de la diplomatie de bon aloi. Malheureusement, la recette en est perdue ; et, — faut-il le dire ? — ceux qui font aujourd’hui de la diplomatie et de l’habileté, travaillent en sens contraire : c’est qu’ils voudraient effacer chez les Canadiens-français tout ce qui peut les différencier des éléments qui les entourent.[2]

  1. Garneau.
  2. Lord Dufferin, un des plus éclairés et des plus sympathiques de nos gouverneurs-généraux, était convaincu de l’importance de conserver la langue française au Canada. Aussi, dans sa réponse à une adresse que lui présentèrent, le 22 juin 1878, les deux chambres de la législature de Québec, cet homme d’État anglais si distingué s’exprima alors comme suit :

    « Il est vrai que la diversité des races qui existe au Canada complique, jusqu’à un certain point, les problèmes que les hommes d’État de ce pays sont périodiquement appelés à résoudre ; mais les inconvénients qui peuvent résulter de cet état de choses sont plus que compensés par les nombreux avantages qui en découlent. Je ne crois pas que l’homogénéité des races soit un bienfait sans mélange pour un pays. Certainement un des côtés les moins attrayants d’une partie considérable de ce continent est la monotonie de plusieurs de ses aspects extérieurs ; et, selon moi, il est heureux pour le Canada que sa prospérité dépende du travail commun de races différentes. L’action conjointe des divers éléments nationaux donne à votre existence une fraîcheur, une variété, une couleur, une impulsion éclectique qui manqueraient sans