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AU CANADA


et ses filles étaient occupées à leurs travaux, et me présenta en ces termes :

— Voici un monsieur qui vient du Canada et qui parle le français comme nous ! Y comprenez-vous quelque chose, vous autres ? Pour moi, je n’y comprends rien.

Ces dames me regardèrent d’un petit air malin qui voulait dire clairement : “ Oh oui ! nous comprenons bien cette histoire-là ! ” Elles étaient convaincues, j’en suis persuadé, qu’elles avaient affaire à un monsieur, non pas du Canada, mais de Marseille !

Mais peu importe, au fond, ce que les autres pensent du français des Canadiens. L’essentiel, c’est que nous ne venions pas à partager nous-mêmes leur mauvaise opinion du langage qui se parle chez nous.

En effet, n’est-il pas évident que, si nous tombions dans le mépris de notre langue, nous cesserions de l’aimer, nous cesserions de la défendre et nous finirions par