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AU CANADA

dans une de vos charmantes lettres à la Vérité écrites pendant votre récent voyage en Europe, n’avez-vous pas rapporté ces paroles de l’illustre général de Charette à nos pèlerins canadiens ?

Oui, je me souviens encore de ces huit cents Canadiens qui, jadis, quittèrent leurs foyers et leur beau pays pour venir défendre Pie IX, de glorieuse mémoire. Oui, je me souviens d’eux. Et même permettez-moi ce souvenir, j’avais quelque hésitation à les commander : car ils parlaient un français tel que je repassais dans ma mémoire deux fois mes commandements avant de les dire, de peur de passer pour ne pas savoir ma langue. Ce n’était pas le français du boulevardier qu’ils parlaient, mes zouaves canadiens, non ; mais ce bon vieux français qui résonnait à mes oreilles comme une harmonie d’antan ; eux, au moins, avaient conservé ces vieux mots qu’on oublie trop facilement en France, comme d’ailleurs le reste, tout.

Ouvrons maintenant quelques vieilles grammaires françaises et voyons si réellement nos habitants parlent comme on parlait à la cour de Louis XIV.

Lorsqu’un bon Canadien de nos campagnes dit : c’est difficile à crère ; il fait fret aujourd’hui ; le chemin est étret ici ;