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OU RECUEIL D’ÉTUDES

Nous avons démontré dans notre dernier numéro que la franc-maçonnerie est contraire au droit naturel, et que, par conséquent, la doctrine de la Minerve est aussi absurde que dangereuse.

Mais il ne faut pas croire que tous les protestants professent les doctrines plus que païennes, athées, de la Minerve. Bon nombre d’écrivains et d’orateurs protestants, comprenant tout ce que la franc-maçonnerie a de radicalement mauvais et de dangereux pour la paix sociale, l’ont flétrie en termes très sévères.

Dans un discours resté célèbre, l’honorable Wm. H. Seward, homme d’état américain, s’est écrié :


Les sociétés sécrètes, monsieur le président ! Avant de placer ma main dans la main d’un autre, dans une loge, un ordre, ou un conseil secret, avant de plier le genou devant d’autres hommes et de former un pacte avec eux pour une fin personnelle ou politique, bonne ou mauvaise, avant de faire cela je prierais Dieu de paralyser ma main et mon genou, de faire de moi un objet de pitié, que dis-je, de faire de moi la risée de mes concitoyens.

Prêter serment ! moi, un homme, un citoyen américain, un chrétien, faire serment de me soumettre à la direction d’autres hommes, de soumettre mon jugement, à leur jugement, de mettre ma conscience entre leurs mains !

Non, non, monsieur ! Je sais fort bien que mon jugement peut me tromper, que je suis exposé à tomber dans l’erreur et à céder à la tentation, mais j’ai passé ma vie à rompre les chaînes des esclaves, et je ne connais que trop le danger qu’il y aurait de confier un tel pouvoir à des hommes sans responsabilité et de me plonger moi-même dans l’esclavage.


Le célèbre Daniel Webster, autre Américain protestant, disait dans une lettre datée du 20 novembre 1831 :


Toutes les sociétés, dont les membres contractent les uns envers les autres des obligations extraordinaires, et qui sont liés les uns envers les autres par des serments secrets, inspirent, avec raison, une juste crainte aux autres hommes ; elles tendent surtout à détruire l’harmonie et la confiance réciproque qui doivent exister entre les hommes que régissent des institutions populaires et constituent une source de périls pour la liberté et le bon gouvernement du pays. Convaincu que je suis de cette vérité, je suis d’opinion qu’à l’avenir la