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MÉLANGES

aux individus, non-seulement de mieux vivre ici-bas, mais aussi de mieux atteindre leur fin dernière.

La Minerve dit qu’il suffit que les hommes publics soient disposés, lorsque les lois touchent à la morale ou aux principes religieux, « à rendre à Dieu ce qui est à Dieu. » Soit. Mais est-ce que nos hommes publics sont toujours ainsi disposés ? Si la Minerve veut bien rassembler un peu ses souvenirs et mettre de côté un instant l’esprit de parti, elle sera forcée de répondre négativement à cette question.

Pour notre part, nous admettons volontiers tout ce qu’il y a de vrai dans cet article de la Minerve, c’est-à-dire que les laïques n’ont pas mission de conduire l’Église, ni de monter en chaire ; nous ne voulons pas, non plus, que nos Chambres soient transformées en consistoires, et nous désirons beaucoup que les ministres s’occupent activement des affaires matérielles du pays, plutôt que leurs propres affaires à eux. Mais la manière dont tout cela est présenté par la Minerve est, encore une fois, souverainement choquante. L’article du grand organe bleu ne sent pas bon, ne sent pas meilleur que plusieurs écrits de la Patrie, de l’Événement, du Journal de Québec et tutti quanti.

Ne pas identifier l’Église avec un parti politique, ne pas exploiter la religion au profit d’une coterie, ne pas porter des condamnations là où l’Église n’en porte pas ; mais ne pas chercher ailleurs que dans les enseignements de l’Église les principes qui doivent nous guider, ne pas se laisser absorber par les soins matériels au point de négliger les choses d’un ordre supérieur, voilà la vraie ligne de conduite à suivre, quoi qu’en ait dit la Minerve autrefois et quoi qu’elle en dise aujourd’hui.

Ceux qui veulent suivre cette ligne de conduite, et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense peut-être, doivent se rallier, se rapprocher, s’entendre. L’avenir est à-eux.