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Page:Tardivel - Mélanges, Tome I, 1887.djvu/227

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Je me résume donc en disant que le Pèlerin de Sainte-Anne est un livre intéressant mais très mal écrit et tellement dangereux qu’on ne saurait le mettre entre les mains de tout le monde.

Le public honnête et éclairé, j’ai raison de le croire, ratifiera ce jugement.


LES « PREMIÈRES POÉSIES »
D’EUDORE ÉVANTUREL


7 mai 1878.


J’ai lu, oui j’ai lu les « Premières Poésies » de M. Eudore Évanturel. Je voudrais les critiquer, mais je sens que la tâche est au-dessus de mes forces. Je ne me suis jamais trouvé en face d’un pareil livre. En le parcourant, j’ai éprouvé des sensations nouvelles et impossibles à décrire : un mélange d’indignation, d’étonnement, de stupéfaction, de tristesse et d’hilarité.

D’abord, c’est l’indignation qui s’est emparée de moi. J’ai voulu prendre un ton solennel et dire de gros mots, tels que sottises, inepties, niaiseries, platitudes, que sais-je encore. Peine inutile. La langue française ne contient pas de termes assez énergiques pour rendre ma pensée. Renonçons au genre tragique ; essayons de rire, peut-être cela nous soulagera-t-il un peu.

Est-il donc vrai que ce jeune homme n’a pas un ami assez sincère et assez charitable pour lui dire qu’il n’est pas poète et qu’il ne le deviendra jamais ? Cet ami n’est certes pas notre grand romancier, M. Marmette, car c’est lui qui s’est chargé d’écrire la préface du livre et de présenter au public le musagète débutant.

La préface est digne de l’ouvrage. M. Marmette est à la hauteur du sujet et nul autre que lui n’aurait pu produire un morceau de prose qui cadrât si bien avec les vers de M. Évanturel.