« À l’avenir, lorsque le gouvernement donnera un contrat de démolition ou de fouille, il y aura une clause spéciale obligeant l’entrepreneur des travaux à remettre au gouvernement les pierres angulaires, plaques de plomb, vieilles monnaies, armes, documents, etc., qui viendraient à être trouvées par lui ou par ses ouvriers, et ces pièces seront déposées dans un musée. »
Faisons remarquer, en passant, qu’en français on ne dit pas donner un contrat, c’est de l’anglais.
Évidemment. M. Faucher s’imagine qu’il a là une idée tout battant neuve. S’il avait seulement jeté un coup d’œil sur le contrat de démolition du collège des jésuites, il aurait pu se convaincre, une fois de plus, qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. En effet, on y trouve la clause suivante :
« Tous les matériaux provenant des démolitions appartiendront à l’entrepreneur, moins le clocher et ce qu’il pourrait contenir, les médailles, les pièces de monnaie, les pierres ou plaques de métal portant des inscriptions ou ayant un intérêt historique, les papiers, parchemins, objets d’art, trésors ou tous autres objets qui pourraient être réclamés par l’hon. Commissaire de l’agriculture et des travaux publics dans l’intérêt public et pourront être trouvés dans les murs, planchers, cloisons, fondations, excavations à quelque endroit que ce soit sur le terrain des casernes ou dans les casernes mêmes ou sur le terrain avoisinant, lesquels objets devront être remis à ce département. »
Le gouvernement, on le voit, est très prévoyant : il réclame même les médailles. M. Faucher les avait oubliées.
M. Faucher a aussi oublié de nous expliquer la cause de l’enlèvement des squelettes qu’il avait trouvés. Il ne daigne pas même nous offrir une pauvre petite hypothèse à ce sujet. Dans quel but a-t-on pu voler ces ossements ? Tout est mystère, et M. le chevalier, qui ne ménage pas ses conseils au gouvernement, n’a pas demandé une enquête.
On lui avait confié la garde de ces ossements. Il les perd, et il semble fier de les avoir perdus, car ce contre-temps lui a fourni l’occasion de faire un livre.