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POËTE ET ACTRICE


27 décembre 1880.


Le malheur a voulu que ma main se portât sur un récent numéro de la Patrie. Là s’étalent des vers de M. Louis Honoré Fréchette, notre poëte soi-disant national. Cette pièce est adressée à Sarah Bernhardt. Elle est inqualifiable. Je ne pensais pas qu’un homme, fût-il poëte, pût s’aplatir de pareille façon devant une actrice. On apprend quelque chose tous les jours. Aujourd’hui je sais qu’il n’y a pas de limites à la bêtise humaine, qu’elle est infinie.

Vous savez, lecteurs, quelle sorte de personne est la nommée Bernhardt. On parle des talents que la Providence lui a donnés, mais fort peu de l’usage qu’elle en fait.

Les acteurs et les actrices ne sont que des amuseurs publics. Dans la vie sociale, ils occupent la même position que le montreur d’ours, le bouffon, l’écuyer de cirque, l’organisateur de ménageries, le joueur de marionnettes, et pas plus qu’eux ils n’ont droit à une ovation. Qu’on les paie en proportion des talents qu’ils prostituent, cela se comprend, puisque nous