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MÉLANGES

des catholiques de langue anglaise aux États-Unis s’occupent de nos écrits. C’est ainsi que le Catholic Universe de Cleveland, Ohio, consacre un long article à discuter notre manière de voir sur le « lien colonial. »

Nous devons d’abord féliciter notre confrère de l’Universe de sa connaissance profonde de la langue française. La traduction qu’il donne de notre article est remarquablement bien faite ; elle rend notre pensée d’une manière parfaite et, en même temps, elle respecte le génie de la langue anglaise. Cette traduction élégante et correcte contraste singulièrement avec les traductions barbares et incompréhensibles de la plupart des journaux anglais du Canada.

Notre confrère de l’Universe est d’avis que nous ne devons pas craindre l’annexion du Canada aux États-Unis, il croit surtout que si le Canada devenait indépendant, la république voisine ne songerait probablement jamais à nous attaquer.

Nous, qui avons demeuré dix-sept ans aux États-Unis — et à une faible distance de la ville où se publie l’Universe — nous savons très bien que les masses du peuple américain ne sont pas d’un caractère belliqueux, n’aspirent pas après un agrandissement de territoire, surtout par la conquête. Mais nous savons qu’il existe aux États-Unis une école dont le rêve est de voir toute l’Amérique septentrionale soumise au gouvernement de Washington. C’est ainsi que plus d’un politique américain jette des yeux de convoitise sur le Mexique et le Cuba. Et notre confrère n’ignore pas que, même dans une république, c’est très souvent, pour ne pas dire toujours, une petite minorité remuante qui conduit la majorité, qui façonne les destinées d’un peuple.

Nous voulons bien croire que l’école entreprenante dont nous avons parlé n’aura jamais la haute main aux États-Unis, mais il n’en est pas moins certain que cette école existe.,

Nous partageons l’avis de notre confrère, que le Canada indépendant serait moins exposé à l’annexion que le Canada colonie, et c’est pour cette raison que nous ne considérons pas le lien colonial comme une protection pour nous, mais plutôt comme un danger.