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MÉLANGES

MICMAC OU IROQUOIS

11 février 1882

M. A. P. Caron, ministre de la milice, est respectueusement prié de jeter un coup d’œil sur le rapport de son département pour 1880, version française. Il y trouvera de quoi faire dresser ses cheveux, pour peu que le micmac et l’iroquois agacent encore ses nerfs. Mais peut-être que les scènes terribles, les massacres et les carnages dont il a été témoin, en sa qualité de ministre de la guerre, l’ont mis à l’épreuve de la chair de poule ; alors qu’il passe ce document à un homme plus sensible et qu’il s’en fasse donner des nouvelles. Nous pouvons lui assurer que ces nouvelles ne seront pas bonnes.

Nous venons de parcourir quelques pages de la version française un dernier rapport qui porte le nom de M. A. P. Caron et nous sommes resté abasourdi. On croirait absolument lire un article de la Minerve, tant la grammaire française y est maltraitée, outragée, foulée aux pieds.

Nous ne parlons pas de la correction des épreuves, qui est très mal faite ; mais des fautes impardonnables qu’on y rencontre presque à, chaque paragraphe ; des barbarismes à faire rêver Cyprien tout haut ; des anglicismes longs comme d’ici à la semaine prochaine. C’est tout simplement ignoble. Et quand on songe que c’est la littérature officielle du pays, que ces documents sont envoyés à l’étranger ! Par bonheur, ils sont tellement longs que personne ne les lit. Mais s’il arrivait à un Français instruit de jeter un simple regard sur la traduction dont nous parlons, il ne manquerait pas de s’écrier : « On me l’avait bien dit ; tous les Canadiens sont des Micmacs ou des Iroquois. »

C’est pourquoi nous faisons un appel à M. Caron. C’est lui qui est chargé de la défense du pays. Qu’il nous défende donc contre les traducteurs de la chambre des communes : ils sont bien plus redoutables que les féniens.