On se croirait dans une église catholique, au temple de la rue Ontario. Il y a un autel, chœur, clergé en soutane et surplis, tableaux saints.
Le révérend M. Wood portait les ornements sacerdotaux, noir et violet. L’autel était tendu de noir. Le peuple s’agenouillait pour prier.
Je n’ai pas besoin de faite de longs commentaires. Mais le fait de voir un journal qui circule parmi les catholiques du Canada faire ainsi de la réclame en faveur d’un temple protestant, et engager par là ses lecteurs à assister aux exercices d’un culte hérétique, c’est quelque chose de nouveau et de particulièrement scandaleux.
La Minerve devrait, pour le renseignement de ses lecteurs, faire suivre cette réclame de l’opinion des théologiens sur les catholiques qui fréquentent les temples des hérétiques. Qu’elle cite Scavani, par exemple : Theologia — De catholicorum communicatione et disputatione cum hæreticis in rebus fidei ; elle verra qu’il est strictement défendu de fréquenter le temple de la rue Ontario : « Nec licet eorum (hœreticorum), officiis interesse. » Qu’elle consulte, S. A. de Liguori, qu’elle interroge S. Thomas.
⁂ Bien qu’elle ait embrassé le ritualisme, la Minerve daigne encore parler des exercices du culte catholique. Dans son numéro de lundi dernier nous trouvons un petit bout de compte-rendu des exercices du dimanche des Rameaux. Seulement, la pauvre vieille est affreusement mêlée. Qu’on en juge :
À l’église de N. D. on a exécuté le chant de la Passion de N. S. J. C. selon le rituel romain… Au chœur MM. les abbés Martineau et Gibaud représentaient, l’un l’historien Joseph, l’autre N. S. Jésus-Christ.
Je ne sais pas ce qui se passe dans le temple de la rue Ontario ; il est possible qu’on y exécute des morceaux tirés des œuvres de l’historien Joseph ; mais dans les églises catholiques, le dimanche des Rameaux, c’est la passion selon saint Matthieu qui se chante, invariablement.
Pauvre vielle Minerve !