bonté de me dire ça en anglais pour que je comprenne bien. Puis, reprenant la langue de Bossuet, il ajoute : « Je le répète : M. Sénécal n’a qu’à bien se tenir. Voici pourquoi : M. Tardivel m’est étranger, par conséquent, je n’ai jamais été en position de lui refuser quoi que ce soit. Cependant, il me déteste ou il déteste mes sonnets. Il faut être juste pourtant : il a peut-être voulu défendre la morale, la propriété et toutes les choses sacrées de ce monde en attaquant ma personne à cause de mes sonnets. »
D’abord, j’invite M. Auger à prouver que j’ai « attaqué sa personne. » Mes colonnes lui sont ouvertes pour le faire.
Il y a trois ou quatre ans, peut-être plus, j’ai prié M. Auger de publier ses quatre sonnets afin que le peuple canadien pût les apprécier à leur juste valeur. Il n’a pas cru devoir se rendre à ma supplication, et l’affaire en est restée là.
Le voici maintenant qui m’accuse de le détester, lui et ses sonnets. C’est cruel de sa part. Car il faudrait être triplement ogre pour détester une personne aussi aimable que M. Auger.
Quant à ses malheureux sonnets, comment puis-je les détester, puisque je n’ai jamais eu le bonheur de les voir ? Je brûle encore, il est vrai, du désir de les contempler, mais il me semble que cette douce passion est légitime et n’a rien de blessant pour M. Auger.
Un dernier mot : M. Auger dit qu’il ne m’a jamais rien refusé. Ceci est inexact : il m’a refusé ses quatre sonnets. Et je me trouve bon garçon de ne pas lui en vouloir mortellement. Car les quatre sonnets de M. Auger doivent valoir bien plus qu’un permis de circuler sur le chemin de fer du Nord.