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POUR LA PATRIE

rais bien en fonder un, me direz-vous. Oui, mais, je l’avoue, je m’entends peu aux affaires. J’aurais peur, si je m’aventurais dans le journalisme, d’y laisser la peau et les os. Je serais prêt à payer une somme ronde pour avoir l’appui d’un journal, sans être disposé à risquer ma fortune.

Montarval s’arrêta ici pour donner à ses paroles le temps de produire tout leur effet sur le journaliste. Il versa un verre de vin et le présenta à Saint-Simon qui le saisit d’un mouvement nerveux et le but d’un trait, sans regarder son tentateur. Celui-ci, dégustant son tokai tranquillement, continua :

— Ne pourrions-nous pas en venir à une entente, vous et moi ? Vous êtes journaliste, vous connaissez votre métier, mais les fonds vous manquent. Moi, j’ai des fonds, mais pas d’expérience. Nous possédons chacun un excellent avoir, mais, pour faire fructifier nos capitaux respectifs, il faudrait les unir. Qu’en dites-vous ?

— L’idée me paraît excellente. Veuillez me faire connaître les détails de votre projet.

— Oh ! c’est bien simple. Je vous donnerai, disons vingt mille piastres ; ou plutôt,