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POUR LA PATRIE

pour que l’affaire soit plus régulière, je vous les prêterai contre billet ; mais avec l’entente formelle que je ne vous en demanderai pas le remboursement aussi longtemps que le journal me donnera satisfaction.

— Mais quelle ligne de conduite le journal devrait-il tenir pour vous donner satisfaction ? Faudrait-il changer entièrement de ton ?

— Pas du tout. Je ne demanderais guère de changements, car si je me présente ce sera comme conservateur…

— Comme conservateur ! fait Saint-Simon avec étonnement. Il me semblait que, sans vous mêler de politique, vous aviez des idées un peu…

— Avancées, vous voulez dire. Des folies de jeunesse ! Pour faire quelque chose de sérieux, il faut en rabattre beaucoup et devenir conservateur, bon gré mal gré. Si je veux avoir un journal à ma disposition, c’est uniquement pour reproduire mes discours et me tourner discrètement un petit compliment de temps à autre, sans que la réclame y paraisse trop.

— Dans ces conditions, répond Saint-Simon, devenu très pâle, je ne vois rien qui s’oppose à l’affaire que vous voulez bien me proposer.