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POUR LA PATRIE

trop tard maintenant, le mal est fait. Les esprits sont excités, ma démission est acceptée, je ne suis plus ministre, et je ne puis plus rien.

— Oui, sir Vincent, vous pouvez encore beaucoup, précisément parce que vous n’êtes plus ministre. Vous pouvez vous mettre à la tête de la province. À part les radicaux, qui sont relativement peu nombreux, tous les Canadiens-français se rallieront autour de vous si vous arborez résolument le drapeau national.

— Mais ce mouvement national bouleverse les esprits. Le parti conservateur en souffre. Je suis essentiellement conservateur, moi, je ne veux rien de révolutionnaire, rien d’extrême. Je suis partisan de la modération et de la conciliation. Puis les protestants et les Anglais, il ne faut pas les irriter. Saint-Simon va trop loin, et il se dit de votre parti. Croyez-moi, monsieur Lamirande, il vaut mieux s’en tenir au statu quo. C’est un moyen terme, voyez-vous, entre l’union législative et la séparation ; tout le monde devrait en être satisfait.

— Mais pouvez-vous nous garantir un statu quo véritable ? Ne craignez-vous pas que les intrigues de sir Henry ne l’emportent sur