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POUR LA PATRIE

gréable, détestable. Saint-Simon porta contre Lamirande toutes les accusations qui traînaient dans les journaux depuis quelque temps. C’était un ambitieux, disait-il, qui aurait voulu s’assurer une position brillante et qui, ne l’ayant pu obtenir, combattait le gouvernement par dépit. Sur ce thème, le misérable esclave de Montarval brodait pendant trois quarts d’heure. Lamirande lui répondit avec autant de dignité et de sang-froid que possible. Un certain nombre de gens sensés et raisonnables lui étaient sympathiques ; mais du sein de l’assemblée beaucoup de voix s’élevaient pour l’insulter.

Jamais Lamirande n’avait éprouvé écœurement aussi profond qu’à la fin de cette réunion ; jamais il n’avait senti dans son cœur un sentiment aussi voisin de la haine.

L’assemblée finie, il fallait songer au retour. Ce fut alors que Lamirande remarqua, pour la première fois, la violence de la tempête qui avait pris des proportions extraordinaires. Le froid n’était pas tombé, et pour retourner à Québec il fallait faire face au terrible nord-est qui asphyxiait, à la neige qui cinglait. Pour Lamirande, il n’y avait pas à hésiter. Absent