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POUR LA PATRIE

lique. Elle fit ses adieux, simples et touchants, à son mari et à sa fille, à sa sœur et à son frère adoptifs, au Père Grandmont. Elle baissa ensuite rapidement et sembla ne plus rien voir ni entendre. Lamirande croyait qu’elle ne sortirait de ce coma que pour se réveiller dans l’éternité. Tout à coup elle fit signe à son mari qu’elle voulait lui parler. Il se pencha tendrement sur elle. Tout bas, elle lui dit : — « Hélène t’a toujours aimé. Sans m’oublier, rends-la heureuse. Adieu ! Au ciel ! »

Puis, recommandant son âme à Dieu, elle rendit doucement le dernier soupir.




Cette nuit-là, Hélène pria et pleura longtemps auprès du corps de Marguerite.

Des pensées tumultueuses envahirent son âme et l’effrayèrent. Des désirs qu’elle avait su repousser, qu’elle croyait à jamais éteints, se reveillèrent soudain en elle et la troublèrent. Elle aurait désiré n’éprouver que de la douleur, et un autre sentiment, qu’elle n’osait nommer, se mêlait à son chagrin, l’absorbait. Elle pleurait, mais ses larmes, qu’elle aurait voulues amères et brûlantes, étaient douces.