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POUR LA PATRIE

et que vous avez noblement repoussé la tentation. Là le devoir pour moi est certain. Du reste, comme c’est un simple incident qui ne tient pas au fond des révélations que Ducoudray m’a faites, j’espère que les assassins ne mettront pas leurs menaces à exécution pour si peu.

— Certes, répondit Lamirande, cette calomnie m’a vivement blessé ; et elle a fait un grand tort à la cause que je défends. Sans elle, le résultat des élections aurait peut-être été tout autre. Mais, aujourd’hui, ma réhabilitation personnelle est une chose bien secondaire. Ce n’est pas cela qui pourrait changer un seul vote au parlement. Et peut-être l’auteur des menaces jugerait-il cette révélation autrement que vous le jugez ; peut-être frapperait-il. Je vous en prie, Monseigneur, n’en dites rien. Je ne veux exposer personne même à un danger incertain pour l’amour de ma réputation, surtout dans un moment où cette réputation n’importe plus aucunement à l’intérêt public.

— Vous avez un noble cœur, dit l’évêque très ému.

Un long et pénible silence suivit. Quelque chose disait à Lamirande que c’était lui qui