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POUR LA PATRIE

adversaire, même si vous aviez la certitude de faire triompher ainsi la plus juste des causes.

— Certes, vous avez raison ! « La fin justifie les moyens, » est, quoiqu’on en dise, une doctrine que l’Église catholique condamne. Il ne faut jamais faire le mal, quand même on croirait obtenir par là un grand bien. La théologie nous enseigne que s’il était possible de vider l’enfer en commettant un seul péché véniel, il ne faudrait pas le commettre. Aussi je n’ai pas dit que j’allais porter une accusation fausse contre M. Montarval. Au contraire, je suis aussi certain que ce dont je vais l’accuser est vrai que je suis sûr de vous voir devant moi en ce moment.

— Une telle certitude, reprit Houghton, est suffisante pour mettre votre conscience à l’aise, je le comprends. Mais, vous ne l’ignorez point, il ne suffit pas de savoir qu’une accusation est vraie, il faut aussi pouvoir la prouver ; et vous m’avez dit tout à l’heure que vous n’avez pas de preuve !

— Pas de preuve dont je puisse me servir devant un comité.

— Alors comment pouvez-vous songer à porter une accusation ?