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POUR LA PATRIE

— Mon pauvre cher ami, que tu dois souffrir et que je souffre pour toi !

— Je te remercie de tes sympathies, Leverdier, elles me sont très douces ; mais tu as tort de me plaindre : je ne souffre pas du tout. Je n’ai jamais été plus calme qu’en ce moment, et rarement plus heureux.

— Mais l’autre jour tu semblais redouter beaucoup la terrible épreuve qui t’attend tout à l’heure !

— Je ne la redoute plus. Sans doute, la chair se révolte contre l’humiliation ; mais l’âme, avec la grâce de Dieu, peut dompter la chair et éprouver, dans cette victoire, un bonheur indicible.

Ils se rendirent ensemble à la pièce où le comité devait se réunir. Elle était déjà remplie d’une foule de curieux. À huit heures précises, le président ouvrit la séance par la formule ordinaire : « À l’ordre, messieurs. »

— Monsieur Lamirande, fit le président, êtes-vous maintenant en état de produire des documents ou de faire entendre des témoins à l’appui de l’accusation que vous avez portée contre l’honorable secrétaire d’État ?

— Je regrette d’être forcé de dire, monsieur