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Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/326

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POUR LA PATRIE

ration ourdie en haine d’une race, en haine surtout d’une religion ? N’est-ce pas que la vie nationale serait empoisonnée dans sa source même ?

— Je te répondrai ce que les protestants répondent à ceux qui leur reprochent les crimes des fondateurs de leur religion : l’œuvre est bonne, malgré les fautes de ceux qui l’ont faite.

— Et trouves-tu cette réponse satisfaisante ?

— Elle ne l’est guère quand il s’agit de fonder une religion, car une bonne religion ne peut sortir d’une source impure. C’est pourquoi j’ai toujours dit que s’il y a une religion vraie et bonne, c’est la religion catholique, car elle seule a un Fondateur qu’on peut aimer et respecter. Mais il me semble que lorsqu’il s’agit d’une œuvre purement politique, on n’est pas tenu de la juger d’après les vertus ou les vices de ses auteurs, mais d’après ses mérites intrinsèques.

— Pourtant Celui que tu déclares digne d’amour et de respect a dit qu’un mauvais arbre ne saurait produire de bons fruits !

— Ah ! soupira Vaughan, devenu pensif, si j’avais ta foi je verrais peut-être toutes choses comme tu les vois, même les choses politiques.

Puis les deux amis se séparèrent.