Page:Tardivel - Pour la patrie, 1895.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
POUR LA PATRIE

des menaces, de n’y plus jamais mettre les pieds. Vous comprenez le reste. Je me suis réfugié ici pour mourir.

Lamirande, vivement impressionné par ce récit, laissa le vieillard pleurer en silence pendant quelques instants, le soutenant toujours. Puis il l’interrogea doucement.

— Mais si vôtre fils n’a pas voulu vous reconnaître, comment se fait-il donc qu’il soit venu vous trouver ici ?

— Je voudrais croire à un mouvement de repentir, mais, hélas ! par ce qu’il m’a dit je vois trop qu’il n’a agi que par peur du scandale. Il a craint que mon histoire ne fût connue… Il a voulu m’envoyer dans un hôpital ou me mettre en pension à la campagne. Il rougirait d’avoir son vieux père chez lui. Je ne puis accepter le morceau de pain qu’il me jette… C’était son cœur que je voulais ; il me le refuse… Je n’ai qu’à mourir inconnu pour lui épargner la honte…

Un nouveau paroxysme de sanglots l’empêcha de continuer.

Pendant que le vieillard exhalait ainsi sa douleur, le fils avait allumé un cigare, et, le dos tourné vers le lit, il regardait par la fenê-