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POUR LA PATRIE

Est-ce que je m’occupe des commandements de votre Dieu, moi ?

— Mais, pauvre insensé, vous voulez donc vous damner !

— Appelez ça comme vous voudrez, mais je ne veux pas de votre ciel où il faudra croupir éternellement dans un ignoble esclavage aux pieds du tyran Jéhovah. Je veux être libre dans ce monde et dans l’autre, entendez-vous ?

Lamirande frémit. Il avait souvent lu de pareilles horreurs dans les livres qui traitent du néo-manichéisme ; mais c’était la première fois que ses oreilles entendaient un tel cri d’enfer, que ses yeux voyaient les feux de l’abîme éclairer de leur sombre lueur un visage humain. « Seigneur Jésus ! murmura-t-il, je vous demande pardon de ce blasphème ». Puis se tournant vers le blasphémateur :

— Laissons ce sujet, car je ne veux plus entendre de ces abominations. Mais si vous ne craignez pas le jugement de Dieu, ne redoutez vous pas, au moins, la justice des hommes ? Je puis vous dénoncer, si non aux tribunaux, du moins à l’opinion publique.

— Mais vous ne le ferez pas. Je nierai, et où sont vos preuves ?