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POUR LA PATRIE

ponctuellement, avec empressement, avec une obéissance parfaite ; mais quand le père procureur lui disait d’accompagner des visiteurs au Grand Som, on voyait passer sur son humble visage et éclater dans ses yeux si doux une lueur de joie enfantine. On lui demanda, un jour, pourquoi il aimait tant à escalader ce pic. Il répondit : « C’est si beau là-haut et l’on s’y trouve si près du ciel ! »

Nul n’a jamais su au monastère, à part dom Augustin, qui il était ni d’où il venait. Possédant une éducation évidemment supérieure, il n’a jamais voulu être autre chose que simple frère. Pendant longtemps, avec la permission de l’autorité, il n’a pas mis les pieds hors du couvent et il ne venait jamais en contact avec aucun étranger. Lorsque, il y a quinze ans, dom Augustin était sur son lit de mort, il fit venir autour de lui tous les moines et leur enjoignit de dire à celui qui le remplacerait bientôt de respecter le secret du frère Jean, comme lui-même l’avait si longtemps respecté. À l’heure qu’il est, le successeur actuel de saint Bruno, dom François, ne sait pas plus que vous et moi qui était ce modeste frère qui a certainement joué un grand rôle